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le blog de Marie Teissier

8 avril 2007

Espaces Perdus de Claude Régy

Extrait du texte édité chez les Solitaires Intempestifs. On ne peut ni bouger ni parler vraiment sans d'abord être passé par l'immobilité et le silence intérieur, cette cavité souterraine de silence chez les gens, dont l'immensitée rêvée de la scène vide serait figuratif. Il faut savoir commencer par travailler sur le vide et le silence: c'est primordial quand on a l'audace d'émettre des sons et de dessiner des figures dans l'espace. Et le silence devrait continuer à être perçu sous les mots et le vide devrait pouvoir continuer à habiter l'espace de la représentation. Une certaine idée du noir serait conservée dans la lumière.
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8 avril 2007

Le malentendu de Camus

Le malentendu note d’intention Un fait divers paru dans l’écho d’Alger en 1935 intitulé « Effroyable tragédie ». Une hôtelière et sa fille tuent pour le voler un voyageur. Elles découvriront plus tard son identité : il est le fils, le frère parti vingt ans auparavant. La monstruosité de leur acte les mènera inexorablement à leurs propres morts : l’une se pend, l’autre se jette dans un puit. Le malentendu c’est ; aujourd’hui ce serait : Un événement dépecé, répété et dépouillé de ses artifices. Deux femmes, un mort : seuls les faits nous importent. Une sale histoire, on l’extrait de son contexte, on vous la rejoue débarrassée de sa psychologie, à froid. Le malentendu aujourd’hui ce serait une reconstitution, une autopsie des mécanismes humains, un regard clinique sur l’horreur à la fois banale et extraordinaire. Une histoire vraie, une sordide affaire, le public en raffole, alors le malentendu ce serait aussi ça, faire de la société un spectacle, caresser son témoin qu’il y trouve son plaisir, puisqu’il aime ça après tout. Un divertissement joyeusement sanglant, c’est peut être ça le malentendu. Le plateau comme celui d’un jeu de société, des acteurs comme des pions qu’on déplace. Il s’agit pour eux et nous de refaire, reprendre, ré agir. Plus de pression, plus d’émois. L’impossibilité de s’entendre est au cœur de ce qui reste avant tout une affaire de famille qui, comme toutes les autres, repose sur ce qui ne se dit pas, ne se fait pas. C’est peut être là que se joue la véritable tragédie, intime, moins spectaculaire, de ce fait divers, un parmis tant d’autres. Marie Teissier.
3 novembre 2006

Les quatre jumelles de Copi

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(…) quelques mots.

A la première lecture de ce texte, cet objet [théâtral] volant non identifié, Les quatre jumelles de Copi, j’ai pensé : il faudra que je le relise, je n’ai pas tout saisi !

Ce texte m’interpelle ; je me dis, comment rendre compte de cet univers étonnant, de ce cycle infernal où quatre destins sont joués. Je suis emportée dans un tourbillon de drogues, de suicides, de tueries, de résurrections, de morts. Je ne sais jamais qui est en vie et qui ne l’est plus. Je me dit que ça va bien finir par s’arrêter ! Et en même temps je me délecte, je suis curieuse de savoir laquelle va bientôt mourir, et comment.

- héroïne - cocaïne - amphétamines - morphine - camphre -

Et j’attends…

        « Salope » revient d’une manière chronique comme on dirait « je t’aime, je te hais ». Le langage fuse, grossier, violent. Cette pluie d’insultes m’est jubilatoire et je me dis c’est le début de quelque chose.

Et je rêve…

Et j’y vais…

Je constitue une équipe et à partir de là le travail commence. Ces quatre jumelles, dépendantes de tout, prennent corps à travers quatre filles. Elles créent une cour de récréation où, à la façon d’un road-movie, d’une série B, elles s’érigent en reine, en voleuse, en Calamity Jane, en infirmière, en James Bond ‘s girl, en chercheuse d’or…

Dans leurs bouches, les mots sonnent aussi vrais que ceux d’enfants. Du rire aux larmes tout ce qui est dit est aussitôt fait. Le spectateur est emporté dans un  [voyage-psychotrope],  dans l’existence somnambule des quatre jumelles.

Marie Teissier

                                                                                                                                                                

L’auteur

Extraits de la biographie de Copi écrite par Alain Satgé

Copi de son vrai nom Raùl Damonte est né en 1939 à Buenos Aires et décédé en 1987 à Paris où il arrive en 1962.

Dès 1964, il met en scène dans le Nouvel Observateur la série de dessin de la célèbre Femme assise, dont le dialogue troué de silence avec un poulet, un escargot ou ce rat qui deviendra l’animal emblématique de toute son œuvre inaugure un théâtre minimal.

A travers le dessin humoristique Copi s’affirme d’emblée comme dramaturge. Après le sketch de Sainte Geneviève dans sa baignoire qu’il interprète lui-même, sa première pièce, la Journée d’une rêveuse mis en scène en 1967 par Lavelli, a pu évoquer par sa liberté d’invention et sa fantaisie verbale le théâtre de l’absurde des années 50.

C’est avec Eva Peron en 1969, L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer en 1971, Les quatre jumelles en 1973 que Copi aborde le thème récurrent de toute son œuvre : la confusion, l’inversion et l’échange des sexes.

Metteur en scène du fait divers Copi puise délibérément dans les stéréotypes des genres considérés comme mineurs (feuilleton, roman policier, science-fiction de série B), pour les truquer avec une feinte naïveté et tirer de leur juxtaposition et de leur accumulation des effets de dérision.

Le résumé

Dans une maison quelque part en Alaska ou ailleurs, Leïla et Maria Smith vivent recluses. Ces deux sœurs jumelles sont des voleuses et braqueuses expertes pleines aux as, riches de dollars, de drogues et de lingots d’or. Le jour de leur anniversaire débarque un autre couple de jumelles chercheuses d’or : Fougère et Joséphine Goldwashing.

C’est le début d’une ronde infinie d’altercations, de confrontations, de successions de vie et de mort au travers de situations délirantes. C’est l’histoire de quatre jumelles qui jouent aux cow-boys et aux indiens…

3 novembre 2006

marie1

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